Mayotte, les décasages : expulsions d’étrangers proches dans le monde rural (Diploweb)


Les perceptions sociales des habitants des villages mahorais changent avec la crise profonde que traverse Mayotte. Des familles intégrées dans la vie collective des villages, intégrées dans le tissu social, perçues comme membres du village se retrouvent ainsi expulsées par les Mahorais. Des communautés rurales aux relations et rapports complexes se mettent à expulser illégalement des populations dorénavant considérées comme exogènes, étrangères, porteuses de la responsabilité des crises que traverse Mayotte. F. Brocheton nous fait découvrir un visage souvent méconnu en métropole d’un territoire de la République française. 

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Les jeux des jeunes des îles de l’océan indien, vers une utilisation politique des compétitions sportives à des fins politique ?





            Les Jeux des jeunes des îles de l’océan indien JJIOI, sont au cœur de controverses de symboles depuis un an. Les discours, les réseaux sociaux se déchaînent autour de la présence ou non d’un drapeau à cette compétition sportive.

            Il y a un an, en juillet 2015, un incident protocolaire mineur avait provoqué en effet une crise diplomatique qui aurait pût s’arrêter là. La délégation mahoraise, avait en effet défiler sous les couleur françaises provoquant la colère des officiels comoriens, revendiquant toujours la souveraineté de Mayotte [voir l’article, Mais à quoi joue Azali?]. Théâtralement, les sportifs comoriens ont alors tourné le dos à la tribune officielle, geste tut aussi anti-protocolaire, pur partir avant l’hymne national des jeux des îles. Aucun Comorien n’avait participé à la compétition cette année là.

            La délégation est repartie, pas au complet, dans la semaine suivante, des sportifs en profitant pur rester dans l’île de la Réunion où se déroulaient les jeux. L’immigration clandestine de sportifs en compétition internationales se fait plutôt rare, et se produit surtout au sein de délégations de pays dictatoriaux durs voir totalitaires comme la Corée du Nord ou l’ex-République Démocratique Allemande. Ces fuites révèlent surtout le mal-être régnant pour les habitants dans les Comores.

            Ce petit phénomène, est loin d’être une anecdote. Il montre bien la crise des Comores. Les sportifs profitant de l’occasion pour immigrer su le sol français, le traitement et l’exploitation de l’événement par les Comores et surtout les crises profondes révélées en font un événement majeur.

            Ainsi, l’Etat comorien a accusé l’Etat français d’une provocation, au-delà de l’impair commis au protocole et à la Charte des Jeux prévoyant une présence effective de Mayotte mais sans drapeau ni quelconque symbole d’appartenance nationale. Cette « provocation », est très vite devenue un véritable affront national pour les Comores. Alors quune période de rapprochement, de réchauffement des relations diplomatiques se profilait, entre les Comores et la France depuis les années 1990, un avivement de tensions a alors lieu entre les deux Etats. L’ennemi juré des Comoriens est redevenu, dans les discours officiels, la France à laquelle les adjectifs de « néo-colonialiste » ou « dennemi juré » son désormais adossés. Le discours shizophrène de l’Etat comorien, ennemi de la France néocolonialiste mais dépendant des remises de sa diaspora installée en France et de l’aide au développement provenant principalement de France.

            Suite à ces échauffements, la délégation des jeunes sportifs mahorais a été privée de drapeau tricolore lors des jeux suivants à l’instigation des représentants comoriens. Alors qu’il s’agit d’une question d’intégration à un ensemble national pour les uns, les Mahorais, il s’agit de « laver un affront » pour les Comoriens. Comme il a été indiqué dans un autre article [Voir l'article Mais à quoi joue Azali? ], ces discours sont essentiels pour maintenir lunité des Comores mise à mal par le mal-développement, les identités illiennes fortes, ou les divisions politiques.

            Ainsi ces jeux ont été l’occasion pour le nouveau président des Comores, Azali Assoumani d’affirmer son leadership, sa stature d’homme politique international donnant l’impression d’avoir fait plier la puissance française en parvenant à imposer aux jeunes Mahorais de ne pas pouvoir arborer leurs couleurs nationales.

            Cette situation, sportive, d’exclusion des Mahorais et de leur environnement régional perdurera tant que la controverse géopolitique concernant Mayotte le sera. La situation sportive n’est que la répercussion d’autres situations politiques internationales. La charte telle qu’éditée actuellement, date de 2009, soit avant la départementalisation de Mayotte. Elle mériterait d’être revue afin de prendre en compte et d’entériner cet état de fait, afin de permettre un dialogue international plus sain au sein de la région indiocéanique. De même, la situation internationale, le mal-développement pourrait mieux être développée avec une coopération régionale pleine, assumée et volontariste.

Florentin Brocheton
           


La Commission de l’Océan Indien, les Comores, la France






            Hamada Madi Boléro, le nouveau Secrétaire Général de la Commission de l’Océan Indien, a déclaré que durant son mandat la « question de Mayotte » serait évaluée pour que l’île « revienne dans le giron » des Comores. Nous avons là l’un des nombreux soubresauts d’une crise diplomatique vieille de plus de quarante ans. 

              Avant d'aller plus loin, voici une carte montrant les Etats de l'océan indien et leur positionnement au sein des organisations régionales:



    
       Boléro est un proche du pouvoir comorien, qui a conservé sa position diplomatique comme d’autres Etats de l’océan indien comme Madagascar ou institutions internationales comme les Nations Unies, l’Union Africaine, la Ligue Africaine concernant le choix des Mahorais de demeurer au sein de la République française, votant contre l’indépendance de Mayotte. La position commune est la condamnation de la France pour le non-respect de la Charte de Décolonisation des Nations Unies[1] touchant à « l’intangibilité des frontières des nouveaux Etats indépendants ». La France est coupable selon celle lecture du droit internationale de la violation d’une convention internationale qu’elle a signée, ratifiée et violée donc. La colonie des Comores a été démembrée de l’une de ses îles par la France qui a conservé Mayotte.

            Se contenter de cette lecture ne permettrait pas de comprendre le fond du problème, qui est en réalité bien plus profond qu’il n’y paraît. Le fait est que le droit international est en complète contradiction avec lui-même dans la question de Mayotte. Les détracteurs de la France dans cette affaire ne peuvent rejeter d’un revers de manche l’article 1er alinéa 2, de la Charte des Nations Unies reconnaissant la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les Mahorais ayant exprimé clairement et à plusieurs reprises leur refus d’appartenir à l’Etat comorien, se sont exprimé comme peuple, pour leur appartenance à la République Française. Ce principe de droit international nécessite deux présupposés, qui sont l’utis possedentis, ainsi que la non-ingérence des Nations-Unies, sauf pour motif humanitaire dans ces affaires. Pour dénier aux Mahorais le fait d’être un peuple, il faudrait revenir sur la génèse de la colonie des Comores et de leur unification sous le pouvoir colonial, de leur histoire conflictuelle.

            Les Comores sont en effet connues pour être « l’archipel des sultans batailleurs » aux luttes incessantes et aux conflits liés à la possession d’esclaves ou pour leur contrôle des routes des négriers dans le cadre du commerce quadrangulaire. Mayotte était considérée comme une dépendance du sultanat d’Anjouan par ses maîtres. Mayotte était tantôt dépendance, tantôt indépendante. Lorsque le sultan mis en place par Anjouan déclarait son indépendance, l’île se retrouvait envahie et un nouveau sultan anjouanais était mis en place à la place du félon. Mayotte est aussi l’île colonisée en première dans l’archipel en 1841, alors que les autres îles, d’abord protectorats puis colonies rejoignent Mayotte sous le gouvernorat de Dzaoudzi dans le courant des années 1890. A partir de 1914, les Comores disparaissent en tant que telle et deviennent une dépendance de la colonie de Madagascar. Elles recouvrent leur unité administrative et politique par la création du Territoire d’Outre-Mer des Comores en 1946. Le référundum pour l’indépendance des Comores se déroule lui en 1974. Les Comores n’ont réellement était unifiée que durant 28 ans. L’argument de l’unité qui détabilise l’organisation politique et administrative de façon grave le jeune Etat est donc un peu faible. Les Mahorais peuvent être considérés comme un peuple, eu égard à son métissage plus marqué avec des populations malgaches, par ses spécificités et son développement, son histoire à l’égard, en marge des Comores. L’unification artificielle du territoire, de courte durée n’aurait plus modifier cela. La revendication de rattachement de Mayotte aux Comores est donc elle aussi illégitime dans le sens où elle violerait le droit d’un peuple à disposer de lui-même et de son destin. 




            Les deux camps en présence présentent des arguments légitimes de part et d’autres. L’inertie des machines diplomatiques et la force des représentations politiques elles persistent et le statut quo perdure. Ainsi, la conservation de Mayotte par la France a put être vue dans le monde, connaissant peu le contexte particulier des Comores et de leur histoire, comme un cas de néocolonialisme flagrant et donc condamnable comme c’est le cas au sein des Nations Unies et de ses vingt et une résolutions touchant à Mayotte, ou de l’Union Africaine. Cependant, un retour pur et simple de Mayotte au sein des Comores est impossible tel que c’est souvent souligné pour la bonne et simple raison qu’il s’agirait d’une violation elle aussi flagrante du droit des Mahorais à décider de leurs destins. Il s’agirait d’une annexion non dissimulée d’une île mais aussi d’un peuple ce qui est impossible à penser pour le droit international.

            L’Etat comorien, lui ne peut non plus renoncer à Mayotte. Il s’agit d’une question d’honneur mais surtout d’un faire valoir international pour les dirigeants mais aussi l’Etat en grande difficulté. Le mal-développement caractérise les Comores, ainsi que la corruption des fonctionnaires peu voire pas payés, la violence des relations sociales, les coups d’Etat, les dictatures nombreuses, les fraudes électorales. Voir mon article Mais à quoi joue Azali ?

            Pour conclure, nous avons là un nouveau soubresaut, une nouvelle frasques. Il s’agit d’une erreur diplomatique du nouveau Secrétaire Général qui ignore les jeux et la structure fondamentale qu’a pris la COI cette dernière décennie. La présence de la France dans cette structure par la Réunion rend ces questions politiques et conflictuelles caduques pour la pérennité de la Commission. En effet, lorsqu’un puissant Etat, le second contributeur de la Commission après les Nations Unies se trouve en conflit, il est logique de ne pas le mettre en accusation, de le rendre coupable d’un litige. Pour vous rendre compte des contributions à la COI par les différents Etats membres, se référer au graphique ci dessous:
            C’est pour cette raison, que les principales questions traitées au sein de la COI sont avant tout culturelles, environnementales et que Mayotte est soigneusement mise à l’écart des discussions budgétaires, des missions. Il s’agit d’une simple erreur, et non d’un acte mûrement réflechit puisque la présidence tournante de la COI passait en même temps à…l’Etat français qui a commencé son mandat par le boycott du nouveau Secrétariat Général.

            La question est ancienne, le litige bien ancré. Ce n’est pas par des phrases simples pour plaire à un président, ou pour plaire à un peuple malmené ailleurs dans le domaine de la politique intérieure, privé de liberté qu’une sortie de crise sera envisageable. 


Florentin Brocheton-août 2016-Fourmie de Baobab




[1] Voir la résolution 1514  résolution 1514 (XV) de l'Assemblée Générale des Nations Unies
mais aussi voir l' article 1er alinéa 2 de la Charte des Nations Unies sur l'autodétermination des peuples.

Mais à quoi joue Azali Attoumani ?


            Le général Azali Attoumani, élu nouvellement président de la République Fédérale Islamique des Comores en mars dernier, achève une tournée internationale de plus d’une semaine au cours de laquelle il a rencontré quatre des principaux interlocuteurs majeurs de l’Etat comorien. Il est allé à l’île Maurice où il a rencontré un membre du gouvernement de l’Etat ainsi que le Secrétaire Général de la COI. Puis au Rwanda, il a participé à la 27e conférence de l’Union Africaine, pour finalement rencontrer les préfets de Mayotte et de la Réunion, avant de terminer son périple international au Mali et en Mauritanie pour le sommet de la Ligue Arabe. A Maurice, et au Rwanda il a tenu un discours anti-français pour rassurer les représentants du gouvernement français de l’océan indien après sur le caractère français de Mayotte. Ces apparentes contradictions ne sont pas incohérentes et révèlent la situation dans laquelle se retrouve l’Etat comorien ainsi que celle de son dirigeant actuel.



La situation internationale des Comores
            Les Comores sont enfermées dans une double crise économique mais aussi politique, toutes deux ancrées depuis plusieurs décennies. Le mal-développement, engendré par l’instabilité politique initiale du jeune Etat, dû à la mauvaise gouvernance de ses dirigeants, s’est enfoncé depuis 1975. Le PIB comorien est toujours en grande partie dépendant de l’aide internationale et des remises de la diaspora comorienne. Les investisseurs internationaux comme les parfumeurs de Grasse pour les fleurs d’ylang-ylang se sont détournés de l’archipel trop instable politiquement. Les faibles exportations n’ont plus suffit à couvrir les importations très importantes en riz, ce dont profitaient certains dirigeants comoriens comme les proches d’Ahmed Abdallah, ayant un monopole sur son importation. Mais le développement humain et économique n’avançant pas, les coups d’Etats se succédant, des graves crises politiques ont secoué l’archipel au cours des années 1990.

            Ces crises recouvrent un véritable phénomène de balkanisation des Comores dans les années 1990s. L’île d’Anjouan avait alors fait sécession avec Mohéli de Grande-Comore dont le nouvel homme fort n’était autre que le général putschiste…Azali Attoumani. La grave déliquescence de l’Etat comorien éclatait au grand jour. Il a fallu renouer le contact alors par la force des armes fournies par l’Organisation de l’Union Africaine qui avait forcé le pouvoir putschiste illégal et illégitime grand-comorien à organiser des élections et à mettre en place une nouvelle constitution fédérale. 

            Cette situation internationale fragile oblige l’Etat comorien a travailler ses relations internationales, à améliorer son image. Or, l’argument majeur qui lui a attiré le plus d’amitiés internationales, et qui lui a conféré une stature internationale est son combat anticolonialiste contre la France. Cet argument est donc ressorti et a poussé le nouveau Secrétaire Général de la Commission de l’Océan Indien à l’erreur que nous avons déjà analysé dans l’article La Commission de l'océan indien, les Comores, Mayotte. Le nouveau président des Comores s’est resservi de cet argument auprès des partenaires traditionnels comme Maurice, la COI ou l’UA. Il se revêt ainsi d’une légitimité auprès des Comoriens en prenant une posture internationale et noue des liens auprès de ses partenaires en se basant sur une constante du discours politique comorien.

            Mais cet argument a aussi une valeur à l’intérieur de Comores, une valeur de ciment national autour de valeurs communes qui permettent de réunifier un Etat fragmenté.

La posture internationale de l’Etat comorien et son rôle dans la politique intérieure des Comores.
            L’argument anti-colonialiste et irrédentiste de l’Etat comorien sert aussi sur le plan intérieur. En effet, comme il a été décrit plus haut, l’Etat comorien possède une unité nationale fragile et incertaine, soumise aux dirigeants et à leur pratiques du pouvoir. Les ressources de l’Etat comorien profitent souvent plus à son village d’origine qu’aux comoriens...

            Cette donnée est accentuée aujourd’hui par la personnalité et le passif du président Azali. Il ne s’agit pas d’un homme neuf en politique. Il a comme responsabilité, en partie, la sécession d’Anjouan, le débarquement raté sur l’île de l’armée comorienne et l’aggravation de cette crise. Ses relations avec les notables et la population anjouanaise ne sont pas au mieux et son mandat est redouté par eux.

            Pour maintenir cette unité, un ennemi commun, un responsable extérieur à tous les maux doit être trouvé. En l’occurrence, dans le cas des Comores, il s’agit de la France avec le « démembrement » de l’archipel par l’ancienne métropole qui est pointé du doigt, et ce, de façon constante, par tous les présidents comoriens depuis l’indépendance comorienne. La sécession de Mayotte serait un précédent  pour les autres îles comme Anjouan se revendiquant de Mayotte lors de sa sécession dans les années 1990. L’incompétence et la corruption notoire des dirigeants de l’Etat comorien sont ainsi effacée par ce « vol » originel fait par la France.

            L’argument irrédentiste mahorais sur Mayotte est donc remobilisé auprès de ses partenaires traditionnels des Comores qui existent et ont obtenu ces soutiens justement avec ces accords. Lors du voyage au Mali d’Azali, il aura sûrement été question de Mayotte. Le combat pour l’émancipation et anti-colonisaliste des Maliens trouve avec Mayotte une extension et sans connaître correctement les problématiques comoriennes, des Etats de l’Union Africains soutiennent les Comores contre la France. Ainsi, par idéologie, par un argument, ils seraient prêts à occulter le droit d’un peuple à disposer de lui-même. Les droits du peuple Mahorais sont bafoués par distance géographique et culturelle de ces acteurs, engagés dans un combat différent.

            Mais alors, comment expliquer ce double-discours mené avec les autorités françaises ? Comment expliquer qu’Azali a traité directement avec le préfet de Mayotte, représentant du président de la République française et représentant de l’attachement de Mayotte aux Français ?

Le double discours mené avec le partenaire français d’Azali.
            Azali a traité directement avec le préfet de la Réunion et celui de Mayotte peu après le Sommet de l’Union Africaine. Il faut d’abord apporter quelques précisions protocolaires à cette rencontre. Les préfets sont des représentants du Président de la République française. Ils sont son corps, sa parole dans chaque département français. Dans les départements d’outre mers, ils ont des pouvoirs et responsabilités élargies. Le Président de la République étant le chef de la diplomatie et le Commandant des Armées, les préfets dont la département est éloigné de la métropole ont de tels pouvoirs élargis. La France étant dispersée sur les cinq continents, le Président ne peut être dans chaque discussion, dans chaque rencontre, négociation. Il délègue sa responsabilité à ces préfets, qui ont des pouvoirs militaires et diplomatiques élargie en comparaison de leurs homologues en métropole. Il s’agissait donc bien d’une rencontre diplomatique.

            Les Comores, en réalité ont la France comme partenaire essentiel, vital. La quasi-totalité de sa diaspora réside en France, à Marseille essentiellement. Les remises des expatriés comoriens représentants près du tiers du PIB des Comores. De même, les Comores possèdent un traité de coopération militaire avec la France, ce qui en fait un allié de premier plan. Une visite, un premier contact officiel avec ce partenaire est donc par conséquent incontournable.

            Ne pas parler de Mayotte en tant qu’île comorienne devant retourner dans le giron des Comores, et discuter avec le préfet de Mayotte n’est pas anormal puisque les négociations portaient sur un nouvel aspect qui sera déterminant pour le développement des Comores dans leur ensemble, avec une île de Mayotte française.

            En effet, comme nous l’avons vu dans un autre article, les positions des Comores et de la France sont inconciliables, donnant un conflit insoluble. Mais chacun a compris la nécessite de ne pas rester opposé fondamentalement, des frontières fermées au sein des Comores ne sont pas envisageables pour Mayotte comme pour les Comores. La relative prospérité de Mayotte, par rapport à ces voisins entretient des flux d’immigration soutenus et illégaux donc risqués pour ses habitants. Un article pus détaillé sera publié sur l’immigration irrégulière à Mayotte. La seule option viable entre ces partenaires est une solution de co-développement, faisant fi des nationalités entre les Comores et Mayotte, intégrer Mayotte au sein de son environnement régional, afin de susciter une croissance économique et un développement endogène.

            Cette solution qui mérite de plus amples développements, aurait le mérite de permettre à chacun de s’en sortir la tête haute de l’impasse diplomatique dans laquelle se trouve les Etats de l’océan indien sur Mayotte.

            Les grandes lignes d’un développement des îles comoriennes entre la République Fédérale Islamique des Comores et la France a donc été sur la table des négociations entre les partenaires.

            Pour conclure, Azali Attoumani pense une politique de développement pour les Comores, en restant dans la continuité de la politique étrangère des Comores depuis son indépendance avec la possibilité d’une ouverture pour le développement. Une telle solution nécessite une implication et une bonne volonté de la part de chacun des acteurs politiques, économiques et sociaux. De plus, elle nécessite le dépassement de préjugés accumulés depuis des décennies entre chacun, le fait de dépasser l’accusation de la France de sa politique néo-coloniale, de la pusillanimité des Comoriens, et leur incapacité supposée à prendre leur destin en main. Une telle option nécessite de penser la Comores non en termes politiques mais en termes culturels, sociaux et économiques, alors que la situation politique elle n’a que peu de risques de changer de son statut quo actuel.     


Florentin Brocheton-août 2016-Fourmie de Baobab